Mon nom est poussière. Mon âme est perdue. Mon cœur, brisé. Depuis longtemps, pour sans doute toute ma vie. Mais je suis là, et j’avance encore. Le froid glace mes os, la nuit écrase mes épaules de son châle inquiétant, j’avance. Malgré tout, parce que je ne parviens définitivement pas à renoncer. Il me faudrait une simple étincelle, un minuscule espoir pour me sortir de tout ça, je ne suis pas difficile, n’importe quoi me suffirait. Seulement je m’enfonce chaque jour un peu plus, la malchance collant à mes chaussures comme un chewing-gum encombrant. Sauf que je n’ai jamais rien demandé à personne. Bref. J’en suis là, à marcher dans cette rue sombre, les yeux défoncés par le shit et la vue brouillée par l’alcool. Débauchée. Déchirée, saoule, défoncée, appelez moi décadence. Je suis parfaitement consciente de ma connerie, mais il n’y a que ça pour me permettre un instant d’échapper au reste. M’enfuir. Que ce soit pathétique ou non, je ne suis plus à ça près. Moi, je veux juste oublier. Avancer, même si mes pas sont guidés par les substances que j’avale, inhale, sniffe, m’injecte, même si en me réveillant le lendemain, je m’aperçois que j’ai reculé. « Case beuh, avancez de trois cases ». « Case coke, retournez au départ ». Mes nuits sont des délires psychédéliques, mes journées sont déchirées de partout, ma vie est un jeu que je perds peu à peu. C’est sans doute ma faute, ça l’a forcément été à un moment ou à un autre.